Festival Freire – la Pédagogie des opprimés

Festival Freire – la Pédagogie des opprimés

S’inscrire: festivaldepedagogiesociale@intermedes-robinson.org

(événement gratuit- inscription indispensable)

Un Festival partenarial : Présentation , par Renaud Rogez du Tiers-lieu « Libertà « – Avion (62)

Cette année, entre en résonance avec les travaux de Paulo Freire qui avec ses expériences sur l’alphabétisation présentait cela comme : « Promouvoir chez le peuple touché par une action éducative une conscience claire de sa situation objective ». Mais également de permettre aux usagers de pouvoir avoir les clés de réflexion pour transformer le monde dans lequel ils vivent : « le but de l’éducateur n’est plus seulement d’apprendre quelque chose à son interlocuteur, mais de rechercher avec lui, les moyens de transformer le monde dans lequel ils vivent».

Il ne s’agit donc pas d’accompagner uniquement par l’apprentissage des bonnes pratiques professionnels mais également de donner des clés réflexives pour que l’usager reprennent le pouvoir d’agir localement. C’est un des objectifs du festival de la pédagogie sociale qui cette année sera consacré au pédagogue social : Paulo Freire.

     I.         Déroulement du festival

Le festival de la pédagogie sociale c’est quoi ?

            C’est un festival qui se déroule chaque année en région parisienne sur la commune de Chilly-Mazarin. Il est à l’initiative de la MJC Intermède Robinson et en partenariat avec l’Institut Helena Radlinska.

            Chaque année, un pédagogue social est mis en lumière par des ateliers, des conférences sur ses pratiques, sa démarche auprès des publics après Célestin Freinet, Héléna Radlinska c’est au tour de Paulo Freire et de la pédagogie de l’opprimé.

            Suite à l’inauguration-hommage du 25 juin 2021 dans le Tiers Lieu Libertà, la MJC a proposé à l’association des Amis de Mandela de porter le 5ème festival de la pédagogie sociale.

            Sur le territoire du Pas de Calais, de nombreuses institutions sont déjà formées à la pédagogie sociale : Les centres sociaux de Mazingarbe, l’AFERTES, l’association SOLILLERS, …

Qui est Paulo Freire ?

Paulo Freire 1921 – 1997 : né dans une des régions les plus pauvre du Brésil, il fût sensibilisé aux difficiles conditions de vie des classes populaire. Il travailla tout d’abord au Sesi (Service social de l’industrie) ainsi qu’au service du développement culturel de l’université de Recife. Il fut tout ce que peut et doit être un éducateur, de professeur d’école à créateur d’idées et de méthodes. Il exprima pour la première fois sa philosophie en matière d’éducation dans sa thèse universitaire, en 1958, et par la suite dans son cours d’histoire et de philosophie de l’éducation qu’il assura à l’université de Recife avant de la mettre en pratique dans ses premières expériences d’alphabétisation.

C’est ainsi qu’il se fit connaître et que l’on parla bientôt de « méthode Paulo Freire ». En schématisant, on peut dire que cette méthode consiste en trois moments d’apprentissage agencés dialectiquement sur un mode interdisciplinaire :

  • L’investigation thématique, par laquelle élève et professeur cherchent, dans l’univers de l’élève et de la société où il vit, les mots et les thèmes centraux de son existence.
  • La thématisation, au cours de laquelle les thèmes sont décodés et recodés pour faire apparaître leur signification sociale et prendre ainsi conscience du monde vécu.
  • La problématisation, où professeur et élève cherchent ensemble à dépasser une vision magique par une vision critique, point de départ pour la transformation de la réalité vécue.

Les principes de la pédagogie de l’opprimé

Cette pédagogie des opprimés n’est pas une pédagogie pour les opprimés, ce n’est pas une recette pour partir à la conquête du peuple, l’éduquer selon un programme préétabli en suivant une méthodologie figée… C’est à la fois, dans le même mouvement, une démarche de conscientisation des opprimés et une éducation révolutionnaire et émancipatrice où l’éducateur apprend autant de ses élèves qu’il leur apporte, où le chemin vers la connaissance se fait ensemble dans l’expérience de la rencontre entre deux consciences et le monde.

Une éducation où les opprimés deviennent pédagogues pour eux-mêmes autant que pour ceux qui les enseignent.

Une pédagogie enfin qui fait de l’oppression et de ses causes un objet de réflexion des opprimés d’où résultera nécessairement leur engagement dans une lutte pour leur libération, à travers laquelle cette pédagogie s’exercera et se renouvellera. Un projet qui rompt totalement avec tout ce qui s’est fait jusque-là, c’est à dire ce que Freire appelle la conception « bancaire » de l’éducation. Il n’y a plus celui qui sait et celui qui ignore : « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble, par l’intermédiaire du monde ».

Comment ça se passe ?

Le festival de la pédagogie sociale se déroule sur deux jours. Mêlant temps de discutions, de conférences, d’échange et d’apports collectifs à des temps d’expérimentations pratiques.

Les temps d’expérimentation pratique seront sous formes d’ateliers pédagogiques répartis sur les communes de la communauté d’agglomération Lens-Liévin et de Hénin Carvin. Ces ateliers seront proposés aux institutions qui font vivre les quartiers politique de la ville (CCAS, Associations, PRE, Club de prévention, Centres sociaux…). Les ateliers se déroulement dans les murs et hors les murs.

Ces ateliers sont en cours de préparation et seront présentés ultérieurement. Le nombre d’ateliers proposé évoluera avec le nombre d’inscrit.

L’ensemble du festival est accessible aussi bien pour les institutions que pour la population sensible à la question du développement du pouvoir d’agir.

En fonction de l’évolution de la situation sanitaire, des dispositions seront prises pour un accueil dans la sécurité et le respect des règles sanitaire en vigueur.

Les journées types :

Voici le programme des journées du festival de la pédagogie sociale. Le programme est donné à titre indicatif et il est susceptible d’être modifié.

Jour du 25 octobre 2021

9h00 – 10h00 : café convivial et présentation/inscriptions aux conférences du matin et atelier de l’après-midi

10h00 – 11h30 : temps de conférence, débat, …

11h30 – 13h00 : Repas commun

13h00 – 14h00 : Départ et préparation des ateliers

14h00 – 16h30 : temps des ateliers

16h30 – 17h00 : temps de débriefing à chaud des ateliers

17h00 – 18h30 : temps d’échange collectifs sur les ateliers

18h30 – 21h00 : apéritif-spectacle avec la troupe d’Aven Savore

Jour du 26 octobre 2021

9h00 – 10h00 : café convivial et présentation/inscriptions aux conférences du matin et atelier de l’après-midi

10h00 – 11h30 : temps de conférence, débat, …

11h30 – 13h00 : Repas commun

13h00 – 14h00 : Départ et préparation des ateliers

14h00 – 16h30 : temps des ateliers

16h30 – 17h00 : temps de débriefing à chaud des ateliers

17h00 – 18h00 : clôture du festival


Texte de motivation: « Notre FREIRE » ( L.Ott)

 Texte consécutif à la Journée de Pédagogie sociale du 7 JUILLET 2018, à Longjumeau (91)

   Paulo Freire fut un éducateur, un initiateur empêché d’agir par des forces violentes,  tout au long de sa vie; en butte aux politiques répressives, aux dictatures, à l’exil.  Il s’est heurté à des dominations et des oppressions objectives, violentes et concrètes.

Mais sa préoccupation s’étendait bien au delà; les répressions et les dictatures ,ça ne dure qu’un temps. Il était bien davantage préoccupé par les effets idéologiques portés sur les individus et les groupes . Il s’inquiétait particulièrement de l’offensive ultralibérale sur la pensée elle même.

Partout dans le Monde , se développe en effet une entreprise idéologique et mentale destinée à faire accepter comme naturelles , les pires violences économique set sociales. Partout les médias, les institutions économiques et  sociales inculquent et renforcent l’idée qu’il n’y a pas d’alternative, que l’individualisme est la condition humaine, son horizon indépassable et que la concurrence, les marchés, et les inégalités seraient le quel système d’organisation possible et souhaitable entre humains.

Le pire flic que nous connaissions est donc dans notre tête et c’est dans la tête également qu’il convient de lutter contre les désastres libéraux, politiques, économiques et sociaux. Cette entreprise d’abandon à toute initiative politique et sociale , est une entreprise de colonisation des esprits. C’est ce que Paulo Freire qualifiait « d’invasion culturelle »; nous sommes amenés à penser avec des mots, avec des concepts qui ont été préalablement piégés et qui ne savent mener que dans un sens unique: l’acceptation, la résignation face aux inégalités, aux injustices , l’insensibilisation face aux souffrances du Monde.

La libération culturelle est logiquement l’objectif de toute pédagogie émancipatrice et pour laquelle Paulo FREIRE a théorisé sa « pédagogie des Opprimés » que nous faisons nôtre et que nous intégrons dans le champ de la Pédagogie sociale comme une composante majeure.

A la base de la Pédagogie sociale, comme dans toute la pensée de Freire, règne en effet cette intime conviction: jamais la réflexion éducative , sociale ou politique ne doit être séparée de l’action.  Nous ne libérerons rien à terme, ou à long terme, quand nous ne le libérons pas dès à présent, ici et maintenant.

Il ne saurait y avoir d’objectif qui s’affranchisse d’une pratique immédiate; aucune séparation , même temporaire, n’est concevable entre l’étude et l’action , la compétence et la pratique  car chez l’être humain ces deux mouvements, ces deux « moments »  ne sauraient s’affranchir l’un de l’autre.

Cette conviction, ce manifeste, déterminent et contraignent la pédagogie sociale , comme une pédagogie cohérente, efficace et … inévitable.

Il est inévitable en pédagogie sociale de faire  avec ce qui arrive, d’accepter celui qui vient; il est inévitable de prendre en compte ce qu’on attend et ce qu’on fait de nous.Il est indépassable de faire acte de présence et de compétence dans les domaines où nous sommes convoqués par les autres.

Il est indispensable en Pédagogie sociale, alors que les rapports de force sont contre nous , comme contre nos publics de faire « comme si » ; comme si le progrès était possible; comme si l’évolution  de nos conditions de vie, d’amour et de travail, comme si notre l’avenir politique ou économique des uns et des autres, comme de nos structures… ne pouvait aller vers un mieux.

Ce « Comme si » correspond exactement au concept de « Als ob » qu’Emmanuel Kant proposait comme soubassement théorique et doctrinal, à l’action. Ce n’est pas un acte de foi, pas un pari sur l’avenir, pas un pronostic rationnel ou savant.

C’est tout au contraire une condition nécessaire, un point d’appui indispensable sur lequel appuyer toutes nos actions efficaces, et qui toutes, à un moment ou à un autre feront inévitablement « mouche ».

Notre journée de Pédagogie sociale,  consacrée à FREIRE ne nous donc pas donné uniquement l’occasion de réaliser une journée d’étude supplémentaire sur un grand pédagogue , avec des apports universitaires et des approfondissements théoriques de spécialistes.  Cette journée nous a donné l’occasion d’une performance, d’une fête.

Elle nous donne la possibilité d’investir , non pas dans un sens économique, mais dans un sens stratégique, un territoire, un quartier, un temps , une collectivité.

Les  trois principes « d’Action  immédiate », de « Comme si » et de « Faire avec » , constituent ainsi trois piliers, trois repères pour tous ceux qui souhaitent agir dans leur environnement qu’ils n’ont pas choisi, dans un contexte d’exclusion politique et sociale généralisée,  pour bâtir une communauté et les bases d’une action éducative, collective et sociale, durable.

Peu importe par quoi on commence: investir un jardin, une cantine, un bas d’immeuble, une friche urbaine, un bidonville ou un bout de territoire à l’abandon. Peu importe que les actions que nous mettons en avant ciblent l’éducation, la petite enfance , ou les familles; à partir du moment où on s’appuie sur ces trois piliers, toutes ces entreprises convergent et convergeront dès lors, dans un même sens … commun.