Un été aux Robinsons
Cet été était l’été de tous les abandons; entre les mesures sanitaires, les restrictions, et le développement de la précarité des familles, ce sont (sur notre territoire) des centaines d’enfants, et de familles , qui se retrouvaient sans loisirs, sans projets et avec des moyens d’action et de mobilité encore plus contraints que d’habitude!
Il fallait un projet d’action d’été pour les Robinsons, à la hauteur de la crise!
Et c’est ce qui a été fait grâce en particulier à l’implication d’Isabelle Bard, membre du Bureau et bénévole (parfois à temps presque plein), ainsi que grâce à l’équipe des Robinsons (services civiques, service volontaire européen, stagiaires, pédagogues sociaux)
Pour ce plan d’été , nous avons été fidèles à nos principes d’intervention:
- Gratuité totale de nos actions pour les bénéficiaires,
- Inconditionnalité , par rapport au statut, à la situation administrative des participants
- Accompagnement de bout en bout, pour préparer le départ, amener sur site, ramener , rappeler les rendez vous, les échéances et effectuer les démarches indispensables.
Voici donc un bilan à cette date:
28 personnes (essentiellement des familles qu quartier Saint-Eloi, de Chilly) sont ainsi parties vivre un séjour collectif, en Bretagne à Saint Brieuc; vie en commun, loisirs découverte de l’environnement, organisation coopérative du temps
40 enfants et jeunes , vivant en quartiers , squats, hôtels sociaux ont bénéficié d’un séjour de vacances , organisé par nos partenaires d’Eva-Soleil et des PEP-découvertes
38 personnes ont bénéficié d’un séjour de vacances , à la Base de loisirs des Boucles de la Seine
Une sortie à la ferme a été organisée pour une trentaine de personnes
76 personnes, principalement vivant en hôtels sociaux ont bénéficié, d’une sortie à la base de Loisirs d’Etampes
Enfin 80 enfants ont été accompagnés par nos soins à la journée à la Mer, à l’initiative du Secours Populaire
3 tournées Aven-savore se sont déroulées durant ces congés, emmenant 21 enfants, dont beaucoup vivent dans des conditions précaires
Durant l’été , nous avons également maintenu nos ateliers socioéducatifs dans les quartiers, sur les 3 villes (Massy, Longjumeau et Chilly) mais aussi dans les hôtels sociaux, et bidonvilles, malgré les expulsions qui se sont accumulées.
Nous avons également organisé des événements: comme le Festival des droits des enfants, que nous avons organisé sur deux journées à Longjumeau, à la Rocade-Bel Air, en partenariat avec nos amis d’Eva-Soleil
N’oublions pas également la tournée d’Aven-savore , qui a permis à une quinzaine d’enfants de la troupe (dont la plupart vivent ou ont vécu en hôtels sociaux et bidonvilles) d’aller sur des sites de concerts et de festival, dans toute la France , sur 10 jours au total.
Notre philosophie pour les vacances
Les vacances , pour les enfants et familles précaires, quel que soit leur habitat sont des périodes de tous les dangers. Ce sont des béances, des trous, dans tout ce que l’on tente vainement de créer comme continuité et sécurité tout au long de l’année.
Ce sont également des périodes d’invisibilité vis à vis de tous les groupes sociaux qui échappent aux radars. Ainsi les municipalités peuvent toujours se rassurer sur le fait que les structures classiques de loisirs ou d’animation soient pleins. Elles peuvent toujours afficher un programme d’événements. Il n’en reste pas moins que dans cette période, plus encore que le reste de l’année, il n’ y a tout simplement plus moyen de savoir où sont passés les cohortes d’enfants et familles sans solution, encore plus limitées dans leur mobilité et possibilités en période de crise sanitaire.
On ne les voit plus, car tous les yeux sont en vacances; car c’est aussi le temps de fermeture ou de passage au ralenti des institutions et administrations.
En Pédagogie sociale, nous savons que ce que nous ne parvenons pas à montrer est accusé d’inexistence; de là notre première mission qui est d’être là, où il n’y a pas de regard.
Notre seconde mission en découle: elle consiste à montrer tous ces publics qu’on a invisibilisés et à leur permettre d’accéder aux moyens de loisirs de leur environnement, pour réellement en faire partie.
Nous connaissons les 1000 obstacles , les mille trappes, les 1000 sources d’échec à tout projet, que constituent les insécurités sociales, vécues par les enfants et familles, pour accéder à tout loisir.
Seule une démarche volontariste et sans conditions de notre part permet de lever un à un tous les obstacles à la mobilité, à la disponibilité et à la découverte. C’est à ce prix et à ce prix seul que nous ne laissons personne sur le trottoir.
Nous prenons également en compte l’insécurité psychologique des familles et enfants précaires qui les pousse si souvent au renoncement, à l’abandon, et à l’échec de toute tentative d’évasion. Notre tâche est alors simple: répondre aux angoisses, proposer des solutions aux 1000 problèmes matériels qui n’ont pas été anticipés et qui surgissent, et surtout maintenir la motivation, par cet esprit communautaire , que nous entretenons et par la confiance qu’on nous porte.