“Vivre comme si on était déjà libres”. (Graeber)
Pour nous , à Intermèdes Robinson, faire du Social, le vivre comme si on était déjà libres, est d’abord une évidence. Comment faire autrement sinon continuer de répéter ce qui existe déjà ou établir la triste recension de ce qui serait impossible?
On ne peut pas vivre sans liberté, il faut bien l’admettre et le Social est sans doute le secteur de l’activité humaine où cette vérité est la plus évidente.
Mais “Vivre comme si on était déjà libres”, c’est bien entendu, être aussi conscient des mille empêchements que nous avons à l’être, qui nous entourent et nous entravent. Il faut vivre comme si on était déjà libres, car sinon, c’est certain: nous ne le serons jamais.
Le pédagogue sait qu’attendre que les conditions favorables de son action, les moyens nécessaires, soient réunis pour agir, revient dans les faits, et dans sa posture de vie, à renoncer à à peu près tout. C’est même la couverture rêvée pour celui qui ne veut rien faire ou que rien ne change.
Egalement, il faut le dire ici, “Vivre comme si on était déjà libres”, c’est créer la liberté , là où on disait qu’elle n’arriverait jamais, qu’elle n’était ni raisonnable, ni possible. C’est la produire tout court, sans discours; c’est l’imposer en préalable pour ne pas perdre sa vie et son temps à la discuter.
En Pédagogie Sociale, nous montrons à tous que c’est en faisant les choses qu’on les rend possibles: habiter, occuper l’espace public, manger ensemble, se photographier, éduquer au risque , oser la relation affective , mélanger les publics, les âges, les cultures. Oser la confiance…
Et enfin, “Vivre comme si on était déjà libres”, est un moyen de dégager le futur, de nous évader du maintenant, des limites de l’actuel. C’est le déjà , bien entendu, qui compte ici. Ce petit mot nous promet un avenir où la liberté ne serait plus ni un risque, ni une exception, mais où elle serait la règle.
C’est dégager l’horizon de nos actions, nous donner un but, une direction. Pour nous y préparer, pour le faire advenir, il nous reste à éduquer des enfants libres de pensées, de paroles et d’initiatives.
Au fond, ce qui nous parle dans cette maxime, c’est sans doute moins la référence à la liberté, mot certes audacieux ,mais qui n’est jamais le vrai problème, plutôt que la vie, en elle-même. C’est vivre, tout court, qui reste le vrai enjeu et le seul problème. C’est de toutes les atteintes et limites à la vie , dont nous étouffons.
C’est cette vie, aujourd’hui, qui est menacée se se réduire à de la “survie” en temps de précarité. C’est à vivre pleinement qu’il nous faut éduquer et inviter; la liberté en découle naturellement.
Dimanche: Jardin en mouvement
C’est tout l’intérêt de l’automne; nous pouvons arranger, aménager , revisiter beaucoup plus facilement notre terrain et notre culture.
Aujourd’hui,et sous un ciel toujours clément, finalement, les 9 qu’on était , nous avons refait nos réserves de bois à sécher, rangé le coin table à feu, créé un nouvel espace de fleurs à bulbes, et bien entendu… continué de retourner et fumer nos terrains.
Nous pensons du coup à des changements de cultures, de placement des espèces. Le jardin est en mouvement. Nous cultivons notre jardin.
Samedi à la Villa Saint Martin :
Il n’y a pas beaucoup de monde cet après-midi. Les enfants et les mamans ont du mal à s’extirper de chez eux. Ils viennent au compte goutte, mais chaque arrivée enrichit toujours un peu plus les groupes qui se forment autour de la salade, de fruits, du dessin, ou du jardinage.
Sur nos parcelles, Cosmin emmène une poignée d’enfants pour désherber. Ils reviennent avec des petites poires plein les poches et le sourire aux lèvres.
Des enfants gravitent autour des jeux et du ballon de foot et alternent. Le petit Sidi, qui est venu avec maman, évolue librement sur le tapis des petits mais joue aussi au foot avec Mina, qui se baladent aussi entre les deux.
De mon côté, je réunis 3 des enfants qui m’ont accompagné à la Fraternity Cup, pendant les vacances de la Toussaint. Jean, Anna et Nadine répondent à un questionnaire, envoyé par la Voix de l’Enfant, organisateur du séjour. Ils donnent leur avis sur l’internat, les repas, la vie en collectivité avec ces enfants qui sont venus du monde entier, leur impression sur le tournoi de foot, sur les ateliers de musique et sur les droits de l’enfants, ce qu’ils en ont retenu.
Jean répond qu’il a trouvé le tournoi super mais pas les disputes entre eux pendant les matches. Les enfants qui jouaient mieux que les autres avaient parfois tendance à jouer « perso » et à s’énerver contre les autres.
Anna nous a dit qu’elle avait été choqué d’apprendre, qu’au Burkina Fasso, des enfants travaillaient dans les mines, encore aujourd’hui. Les droits de l’enfant sont pour tous les enfants du monde mais ils ne sont pas respectés partout.
Au conseil de quartier chaque enfant de la Fraternity Cup a pris la parole pour raconter aux autres leur séjour et expliqué le dessin qu’ils venanient de faire sur leur moment préféré. Ils ont aussi présenté leurs coupes et trophés.
Au goûter, nous avons mangé la salade de fruits, préparée par Virginia et Jessica, avec un petit jus de citron, d’orange et de noix de coco rapé !
Champlan
Nous nous sommes rendus à Champlan avec Nicolae cet après-midi, avec des coloriages, des exercices, une boîte remplie de dinette. Il ne fait pas très beau et il fait froid.
Je me demande si les enfants vont se souvenir de moi, étant donné que cela fait longtemps que je n y suis pas allée.
En arrivant, je tombe sur Susano qui me fait un p’tit sourire suivi d’un grand « ooooowww ». C’est bon tout va bien, ils ne m’ont pas oublié.
On installe la dinette sur la bâche pour les plus petits, et Nicolae propose un “Facteur n’est pas passé”, pour tous les autres. Tiens, Ricardo qui me demandent si je cours vite… Comme si je n’avais pas deviné à quoi m’attendre… En effet, c’est moi qui récupère le courrier, je le poursuis, il glisse dans la boue, HOP ! Merci la pluie…
Les plus grands se prennent aussi au jeu, c’est rigolo.
On attaque les exercices et les coloriages. Je dessine avec la cousine de Ronaldo, je fais un bateau en papier (récupéré par Raoul) et une grenouille en papier (récupérée par Susano qui lui fait des yeux orange).
Ricardo s’est fait voler sa place par la cousine de Ronaldo (2 ans ½ …), il boude.
Les enfants s’éparpillent un peu, le temps que le jeu du béret se mette en place. Les filles contre les garçons… Ok… Sachant qu’il y a que deux filles… Garçons ou filles, mon équipe a quand même perdu, donc ça ne change pas grand-chose. Et pis y avait de la triche et des mauvais joueurs d’abord…
Aller on goûte ! Madeleines, sirops, chocolat et clémentines, rien que ça ! Surtout le chocolat ! Nicolae s’est fait plein d’amis tout d’un coup… !
J’ai oublié de mentionner l’arrivée surprise d’Alexis d’Animakt qui a joué avec nous au béret. Mais il a surtout fait grande impression avec sa moto en moment du départ !
A plus Champlan, ravi de vous avoir revu les enfants !
Vendredi
La Rocade
Aujourd’hui à la Rocade, nous n’étions pas nombreux. En cause, peut-être le temps qui se fait frileux, et peut-être une raison positive : le spectacle des causeries qui a attiré les mamans.
Un grain de pluie de 10 minutes a failli nous saper le moral mais il fut bref. A la petite enfance, beaucoup de monde dans la tente pour les divers jeux et activités d’éveil avec Iasmina. Et des jeux de société.
Mathias a joué au ballon avec d’autres, et l’atelier cuisine avec Laura a rencontré un franc succès, autant sur la confection que sur la dégustation. Nous avons pu apprécier les gogosh, beignets frits fourrés aux pommes. Les enfants ont remplis la pâte de pommes avec ferveur.
La nouveauté d’aujourd’hui c’est le groupe Tchekchouka qui était là pour sa première participation à l’atelier de rue. Cinq jeunes du camp de Champlan était là,
malheureusement, les jeunes du quartier qui étaient prévus ne sont pas venus, ce sont d’autres qui ont participé. La danse était chouette, dans la bonne humeur, sur une jolie musique sautillante, sans interruption, avec un guitariste, un accordéoniste, un percussionniste et une chanteuse danseuse qui nous a appris des pas que nous avons tenté de reproduire avec difficulté.
Aline, quant à elle, était occupée à nettoyer le camion bleu, à grands coups de chiffons et de spray, sur les sièges, le sol et les vitres. Travail satisfaisant, sauf pour les vitres qui étaient plus coriaces que prévues, mais Aline n’a pas dit son dernier mot.
Nous avons goûté de ces délicieux gogosh donc.
La nuit est vite tombée, l’hiver se fait sentir ces jours-ci et avec lui la désertion précoce des lieux. Nous avons rejoint la discussion des causeries qui a fait suite aux spectacles.
Jardin de Saulx :
Vendredi :
Aujourd’hui comme d’habitude on se dirige vers notre lieux de rendez-vous habituel où très impatients ils attendaient de nous voir arriver nos fidèles car cette semaine on n’a pas pu assurer les ateliers du jardinage pour assurer le rangement et l’installation du nouveau local. Mais malgré la pluie de ce matin nous avons envie de travailler notre beau jardin et du coup tout le monde met la main à la pâte .Comme de petites abeilles dans les quatre coins du jardin on retourne la terre et on met le fumier sur les parcelles.
Mais l’heure du goûter arrive et nous nous installons au soleil qui nous rendre visite.
A bientôt !
Jeudi :
Wissous
Aujourd’hui, je (Virginia) pars pour la première fois, accompagnée de Nicolae, au camp de Wissous. Nous emmenons des gros tapis de gymnastique, des figures acrobatiques dessinées, un jeu de twister et notre bonne humeur. Même si la chaleur ne nous accompagne pas, nous avons toujours le soleil, c’est déjà ça !
A peine arrivés, tous les enfants se ruent sur nous pour nous aider à transporter le matériel. Le fait qu’ils ne me connaissent pas n’a pas l’air de les déranger puisqu’ils me sourient tous et me demandent mon prénom. Pour une fois j’ai réussi à me souvenir de tous les prénoms du premier coup !
Une fois que nous avons tout installé, nous commençons notre atelier « expression corporel ». Tous veulent faire toutes les figures ! Heureusement qu’ils écoutent bien car c’est compliqué de tout faire en même temps dans le calme.
Nous enchainons par un twister ! Cela nous fait tous bien rire car les enfants tombent assez rapidement. Un léger souci, ils ne connaissent pas leur gauche et leur droite, même en roumain. Nous nous arrêtons, nous asseyons tous en cercle. Nicolae commence par leur expliquer en roumain « main gauche, main droite, pied gauche, pied droit ». Puis à mon tour, je fais le même exercice mais en français. J’en profite pour apprendre quelques mots en roumain « main, pied, gauche droite, bouche oreille » etc. En voyant que je voulais savoir les mots en roumain, les enfants se sont mis à tous me traduire mon français en roumain pour que j’apprenne.
Nous avons ensuite fait le jeu du facteur. Là encore, j’ai appris les jours de la semaine. Je me rend compte à quel point il est difficile d’apprendre une langue.
Les enfants m’apprennent le roumain et moi je leur apprends le français.
Enfin, nous faisons le goûter dans un calme incroyable. Pas de cris, pas de larmes, nous avons partagé un bon moment.
J’ai passé un très bel après midi.
Mercredi :
Bel Air :
Aujourd’hui, en raison de la nécessité de ranger notre local tout neuf, seul l’atelier de rue de Bel-Air a été assuré.
Bien que le temps ne soit pas très clément les enfants sont aux rendez vous !
Nous démarrons tous ensemble doucement avec une série de jeux de société.
Certains jeux permettaient aux enfants de « travailler » leurs réflexes tandis que d’autres ont préféré éxercer leurs reflexions ou encore leurs mémoires.
Pas très loin, nous avions ramené les boules de pétanques et le molky qui fut utilisé par quelques enfants ayant envie d’apprendre à viser !
De l’autre coté de Bel-Air, nous avons fais une grande partie de football avec les plus grands !
Mais après cette partie qui nous a tous réchauffé il est déjà l’heure de prendre le goûter !
Alors nous engloutissons tous quelques madeleines, des fruits secs et un bon chocolat chaud !
Mais le temps passe à une vitesse… Il est déja l’heure de rentrer au local !
Au revoir les enfants ! A bientôt !