Kronik de Ruxandra
Le harcèlement scolaire des enfants roms
C’est la rentrée, la région parisienne se remplisse à nouveau, les enfants retournent à l’école et l’émotion est palpable. Ils sont contents de retrouver leurs copains, de raconter leurs vacances et de se sentir un peu plus grands que l’année dernière. Ils sont aussi un peu tristes de perdre la liberté des longues journées d’été, sans réveil, sans devoirs et débordant de possibilités.
Mais il y a des enfants pour lesquels les émotions autour de la rentrée ne sont pas du tout les mêmes. À Intermèdes Robinson, on travaille beaucoup auprès de la population rome et notre équipe des médiateurs scolaires fait de son mieux pour que les enfants des bidonvilles soient scolarisés. Pour cela ils doivent franchir beaucoup d’obstacles, que ce soit les expulsions des bidonville et la dispersion des familles sur le territoire, les refus des mairies et établissement scolaires, les difficultés de transports jusqu’à l’école etc.
Quand on réussit à inscrire un enfant à l’école, c’est une petite victoire. Pourtant la suite est souvent moins joyeuse, car leurs expériences à l’école ne sont pas toujours bonnes, et je parle notamment du harcèlement qu’il subissent de la part des autres enfants.
Les enfants peuvent être très méchants, on le sait tous, et repèrent vite les collègues un peu plus faibles, un peu plus isolés, un peu plus « différents ». Il leur en faut pas beaucoup, aux enfants. Parfois un sac à dos démodée, des goûts un peut particuliers ou le fait de ne pas être très bon au foot suffissent pour devenir la victime de toutes les moqueries.
Mais là, on parle d’enfants qui ont été élevés dans une culture complètement différente, qui ne connaissent pas les codes partagés par les autres. Des enfants qui ne parlent pas forcement français car soit ils viennent d’arriver en France, soit ils sont venus il y a longtemps mais sont toujours restés dans la communauté. Des enfants qui n’ont pas le même niveau scolaire que d’autres enfants de leur âge car à chaque fois qu’ils étaient inscrits dans une école, leur bidonville était evacué et ils devaient bouger à l’autre bout de l’Ile de France. Des enfants ayant subi des traumas qui ont entraîné des problèmes de développement et de socialisation. Des enfants qui ont beaucoup plus de chances d’avoir des retards physiques et mentaux, car l’éloignement du système de santé rend la prévention, le diagnostique et le traitement très difficiles. Des enfants qui n’ont parfois pas de vêtements propres ou la possibilité de se laver tous les jours. Et tout ça entraine, au-delà des conséquences directes de la précarité, un isolement social et une humiliation permanente qui jouent beaucoup dans leur bien être et leur développement.
À cela s’ajoute s’ajoute la couche supplémentaire du racisme qu’ils héritent sans le comprendre. Des stéréotypes liés à la saleté, le vol, l’incapacité ou manque de volonté de travailler, que ce soit à l’école ou plus tard, dans la vie d’adulte, les enfants entendent tout ça chez leurs parents et le repetent sans y réfléchir.
Je connais un enfant qui a été scolarisé en France depuis qu’il était petit mais n’a jamais appris à lire et écrire et a un vocabulaire très limité en français. Pourtant ce n’est pas pour ne pas avoir essayé. Il était content, au début, d’aller à l’école, d’apprendre des choses, de se mélanger aux autres. Puis les collègues l’ont vu et ont appris ses origines, le mot « tzigane » qu’ils comprenaient pas mais qui avait pour eux la même résonance que « malhonnête », « voleur », « sale », « mauvais », « pas comme nous ». Ils criaient « cachez votre argent de poche ! » quand il entrait dans la classe. Ils s’intéressaient de manière ironique à sa vie « dans la caravane », perçue comme étant tout droit sorti du Moyen Âge (« ça, c’est un téléphone, t’as sûrement jamais vu ça avant » ou bien « et alors tu te laves dans la rivière ? » Personne ne voulait s’asseoir à côté de lui, comme si le fait d’être rom était une maladie grave, contagieuse.
On ne peut pas leur en vouloir, aux enfants. Ils ne faisaient évidemment qu’imiter les comportements vus chez leurs parents, avec la nonchalance et la cruauté propres à l’enfance. Ce qu’on peut faire, par contre, c’est faire attention aux mots qu’on utilise, car les remarques qu’un adulte ne se permettrait de faire qu’en famille seront répétés dans l’espace public sans aucun filtre ni considération.
Le garçon a continué d’aller à l’école, mais avec de plus en plus d’appréhension et de moins en moins souvent. Jusqu’à ce que, un jour, il a été battu par un groupe de garçons de sa classe et s’en est sorti avec beaucoup de blessures, dont la mâchoire cassée. Il lui a fallu longtemps pour retourner à l’école. Sa mâchoire ne s’en est jamais complètement remise, ni sa confiance en soi et envers les autres.
Et qu’est-ce qu’on fait, alors, en tant que médiateurs scolaires ou travailleurs sociaux, dont le but est que les enfants soient scolarisés au maximum ? On est convaincus que la scolarisation est indispensable pour le développement de tout enfant, et c’est ce qu’on répète aux parents hésitants. Mais c’est difficile de nous croire sur parole quand ils voient leurs enfants rentrer en pleures, avec des bleus et parfois des os cassés, en disant qu’ils veulent plus jamais y retourner. Et c’est aussi difficile pour nous de les contredire quand ils nous disent que les petits sont mieux avec eux à la maison, où ils ne se font pas diminuer, harceler et taper au quotidien.
C’est facile de se dire, en voyant le taux de décrochage scolaire parmi les enfants roms, « tu vois, ils n’ont pas envie d’aller à l’école ». (L’équivalent de « ils n’ont pas envie de travailler » pour les enfants.) Mais on ne pense pas assez souvent au fait que, si on est allés à l’école, nous, c’est aussi parce l’école, c’était pas ça. L’école, c’est important, mais pas n’importe comment, pas comme ça.
Mardi 10 septembre 2024
Hôtel Parthénon
Aujourd’hui, le temps n’était pas clément, avec beaucoup de vent. Nous avons donc décidé de faire l’atelier à l’intérieur, dans l’espace qui nous est réservé. En raison de la météo et de la fatigue des enfants après l’école, l’atelier sportif prévu par Miruna et Béni, qui devait inclure du badminton, a été annulé.
Mame, Corina et Miruna ont installé les enfants avec des kaplas, une petite ferme et ses animaux, des petites voitures, des personnages et des instruments de musique. Les plus jeunes ont ainsi pu s’amuser avec ces différents jeux. Nous avons également remarqué la présence de nouveaux enfants parmi nous aujourd’hui.
Malheureusement, l’atelier créatif a été oublié au local, mais Alphonse et Vinciane ont su improviser en proposant une série de jeux de société qu’ils avaient apportés en nombre. Ils ont invité les enfants à participer à des parties de UNO. Zinora et Béni, quant à eux, ont animé des parties de Puissance 4 et de baby-foot avec d’autres enfants.
L’atelier s’est terminé dans la bonne humeur, en musique, pour calmer les enfants et les réunir. Nous avons ensuite partagé un goûter composé de jus d’orange pétillant, de gâteau chinois et de fruits (clémentines et bananes).
Mercredi 11 septembre 2024
Aujourd’hui, nous étions deux au jardin : Reza et Maya. Huit enfants et deux adultes sont passés participer à l’atelier. Avec six enfants, nous avons commencé par un peu de désherbage pour entretenir le jardin.
Ensuite, nous avons procédé à de petites récoltes : pommes de terre, haricots verts, tomates et courges. Les enfants ont eu l’occasion de goûter des tomates et des haricots verts crus, ce qui a été une belle découverte pour eux.
Pour conclure l’atelier, nous avons pris le goûter, composé de melon jaune, de hamburgers au Nutella et d’une boisson à la pêche
Vendredi 13 septembre 2024
Platz de la N20
Participants : Zinora, Corina, Béni et Vinciane
Environ 10 enfants et 6 adultes
Aujourd’hui, nous avons tenu notre atelier sur le Platz de la N20. Exceptionnellement, les horaires ont été décalés en raison d’activités au local, ce qui a eu un impact sur le nombre d’enfants présents, certains étant encore à l’école.
Corina a initialement proposé un atelier bien-être, avec notamment de la manucure, mais face au faible intérêt, elle a rejoint Béni pour animer un atelier de jeux de société. Les enfants ont pu réinventer les règles du Uno, tout en travaillant leur motricité fine avec le Puissance 4 et le baby-foot.
Zinora a apporté une touche d’énergie à l’atelier avec de la musique, et avec Vinciane, elles ont organisé une séance de peinture aquarelle sur de grandes feuilles partagées. Des pochoirs étaient également à disposition, permettant aux enfants d’exprimer leur créativité de manière ludique. Certains adultes ont même pris part à l’activité peinture.
Pour conclure la journée, nous avons partagé un goûter composé de beignets au chocolat, de boissons Oasis et de chips, à la grande satisfaction des enfants et des parents présents.
Samedi 14 septembre 2024
Quartier Saint Éloi
Aujourd’hui, malgré le froid, nous avons maintenu notre atelier à Saint-Éloi. En raison de la météo, moins d’enfants sont descendus pour participer aux activités.
Mame a animé un atelier petite enfance avec des animaux de la ferme, des jeux de construction Kapla, et de la dinette. Bien qu’elle ait principalement accueilli des enfants plus âgés qui ont joué en autonomie, cela lui a permis d’être à l’écoute des uns et des autres, en particulier d’une famille présente.
Zinora et Shirley ont proposé des jeux de société tels que le Puissance 4 et le Devine-Tête, auxquels les enfants ont pris beaucoup de plaisir à jouer.
Béni et Momo, de leur côté, ont organisé une séance de basket. Ils ont proposé des petits cours personnalisés pour apprendre les bases du jeu, ainsi que des matchs où des enfants de différents niveaux ont pu s’amuser ensemble.
Enfin, Corina et Vinciane ont dirigé un atelier créatif. Les enfants ont pu dessiner sur papier à l’aide de divers matériaux : feutres, crayons de couleur, paillettes, fils de laine, papier crépon, etc. Ils ont ainsi créé de nombreux dessins représentant des animaux, des fleurs, des visages, et bien plus encore.
Pour clôturer l’atelier, nous avons partagé un goûter composé de jus Oasis, de muffins et de pommes, dans une ambiance conviviale.
Jardin de Bel Air
Pendant ce temps sur l’atelier jardin à Bel Air…
Huit enfants et deux adultes sont venus participer à l’activité. Avec six enfants, nous avons commencé par une session de désherbage pour entretenir les parcelles.
Ensuite, nous avons procédé à une petite récolte de légumes : pommes de terre, haricots verts, tomates et courges. Les enfants ont eu l’occasion de goûter des tomates et des haricots verts crus, ce qui a été une expérience amusante et instructive pour eux.
Pour conclure l’atelier, nous avons pris le goûter ensemble. Au menu : du melon jaune, des hamburgers au Nutella, et une boisson à la pêche. C’était un moment agréable et convivial pour tous les participants.