Expérience contre expérimentations

Qu’est devenue aujourd’hui la possibilité pour les enfants et même les adultes que nous sommes, de faire des expériences?  Nous n’en avons ni le temps, ni les moyens. Pire encore, il semble que le mot serait banni, douteux et suspect en lui même.

Faire des expériences, ou plutôt les connaître (tel est le véritable sens du terme) serait devenu l’aveu embarrassant que nous ne saurions déjà pas quoi faire, en en tout lieu et en tout temps.

Et oui aujourd’hui l’enfant et l’adulte ne peuvent connaître d’expériences car ils devraient toujours savoir ce qu’ils doivent faire par eux même, ou en appliquant  le programme de ceux qui le savent pour eux. Le second motif qui rend délicate l’idée d’expérience serait l’idée du risque, du danger, de l’illégitimité, voire même de l’illégalité.

Tandis que les expériences des adolescents sont de plus en plus entourées de surveillance et répression policière, celles des enfants entre eux, dans les cours d’école, ou au quartier font l’objet de préoccupations inquiètes, psychologisantes, sanitaires et sécuritaires.

Nous ne pourrions plus faire d’expérience au niveau individuel ou en groupe, et il en est de même des expériences et des initiatives sociales d’habitants ou d’organisations sociales .

Celles ci sont interdites et réduites au terme « d’expérimentation »; or nous savons que ces  soit disante expérimentations, ne permettent en réalité nulle expérience. Pas d’argent pour cela , seules sont parfois possibles les expérimentations venant « d’en haut », déjà retenues, expérimentées, calibrées et normées; ainsi on peut expérimenter en matière de soutien de la fonction éducative et parentale, d’insertion sociale,  mais on est prié d’expérimenter ce qui se fait déjà depuis plus de 30 ans…  Idem en protection de l’enfance, en assistance éducative, etc. L’expérimentation serait la seule expérience qui nous serait permise, à nous les « grands » que nous sommes; c’est à dire une non expérience, un déni pur et simple.

La posture non plus n’est pas la même; en matière d’expériences, nous sommes toujours maîtres d’oeuvre.Mais, pour les expérimentations, balisées, calibrées, et même quand on est censés les mener, on est toujours un peu…cobayes.

L’acteur social ne peut plus vivre d’expérience car sa compétence à le faire est mise en cause, voire hors de propos. Il en est de même avec l’enfant et l’adolescent ; ils sont priés de ne plus faire d’expériences et de se contenter d’être les spectateurs de celles qu’on leur destine via la télé réalité , par exemple, ou qu’on « étudie » à l’école, lors des opérations « de prévention ».

A Intermèdes Robinsons, nous ne faisons pas d’expérimentation; nous  faisons tous des expériences : bénévoles, adhérents, stagiaires, volontaires, permanents. Nous avons à en vivre et à en connaître et même à en partager au cours de nos réunions d’équipe, de stagiaires, d’enfants , nos soirées conviviales de tous âges. C’est même notre fonction première, notre rôle, notre but.

Nous savons ce que c’est que d’être petits au sens propre comme les enfants le sont. Nous vivons tous la même expérience dans notre collectif,  au sens figuré, car notre association reste limitée et fragile: elle est toujours petite. Or , être petit, c’est découvrir en soi l’expérience de la vie, intensément.

Et c’est sans doute cette liberté qui paraît aujourd’hui hors de prix hors de propos, en un mot insolente et insupportable. C’est sans doute pour cela que nous sommes si faiblement soutenus.

Qui aura encore le courage des expériences, suffisamment d’espoir dans la vie et dans le peuple, pour accepter du nouveau? Certainement pas ceux qui ont peur tout à la fois du peuple, de l’avenir et de la vie.

 Quant à nous, « nous l’avons fait parce qu’on ne savait pas que c’était impossible ».

Nous avons éduqué avec les enfants et familles Rroms et roumaines,  car nous ne savions pas que c’était impossible ; nous avons travaillé avec ceux qui n’ont plus de travail et à qui on n’en propose plus, nous avons créé de nouvelles socialités avec les asociaux, nous avons joué et développé la convivialité dans des zones infréquentables , et développé les droits des enfants , des minorités et de tous les petits, dans « les zones de non droit ». Expériences insupportables?

Entendu: « Mais est ce que ce n’est pas interdit de proposer des activités d’éveil aux jeunes enfants et à leurs parents (non accueillis dans les structures idoines dédiées mais qui leur sont fermées)? – Et non, Madame, vous n’y aviez pas songé ».

 

Dimanche au Jardin de Saulx :

Aujourd’hui, il fait un temps magnifique. Une fois le camion chargé, les enfants attachés nous pouvons enfin aller prendre un bon bain de soleil au jardin de Saulx. Les enfants étaient très motivés par l’idée de faire un barbecue avec Zora (Pionnière de l’association).

Une fois  arrivé sur place chacun s’attela à une tâche (arrosage, préparation du barbecue, préparation de la table) pendant que d’autres s’occupaient de préparer le jardinage de l’après midi.  Le barbecue a été très vite préparé, le feu a bien pris, du premier coup. Nous étions arrivés depuis 30 minutes que les estomacs commençaient déjà a faire parler d’eux. Allan, Zora et Adem étaient nos cuisiniers.

En quelques coups de grilles les premières merguez arrivèrent sur la table. Étant donner que tout le monde avait ramené quelques choses à manger, nous nous sommes rendu compte que nous avions une table digne des plus grands buffets. Il y en avait pour tous les goûts. Après quelques sandwichs avalés, nous avons pris un petit temps calme. Certains jouaient sur la balançoire, d’autres s’étaient confectionné un lit avec des chaises pendant que quelques uns étaient en plein débat sur les taches à  effectuer dans l’après midi.

Après une dizaine de minutes, Jean-Jacques et Johann ont commencé à planter les pommes de terre. Heureusement que Jean Jacques étaient là. Une fois les pommes de terre plantées, il restait quelques aromates à arroser. C’est Zora avec l’aide de Chayna et Alyia qui s’y sont mises. Vers 16h, Laurent et Helene sont arrivés afin de terminer les plants de pommes de terre.

Nous avons ensuite partagé un délicieux gâteau au chocolat tous ensemble avec de bonnes fraises. Nous avons tous eu l’air de passer une très bonne journée !

 

SAMEDI :

A la Villa Saint Martin :

Ce sera une super belle après-midi. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent et les enfants jouent !

Le punching-ball est de sortie. Les enfants mettent les gants et se défoulent. A côté, on saute à a corde, tout ça pour s’échauffer avant la capoeïra. Vendredi, c’est notre soirée conviviale et nous allons faire une démonstration. Alors on s’entraine à faire de beaux coups de pied et à esquiver.

Dans notre cuisine en plein air, nous préparons un gâteau au chocolat dont nous nous régalerons au goûter. Un petit groupe de musique se forme près du coin lecture.

 

 

A la fin de l’atelier, nous faisons la connaissance de Filipe, le copain d’Aline et de Fofinho leur bébé bulldog. Il est trop mignon et les enfants veulent le revoir ! Mais cela se fera au fur et à mesure car il est tout petit et était un peu apeuré.

 

VENDREDI :

Jardinage à la Villa Saint Martin

Aujourd’hui c’est à la Villa Saint Martin et à la Rocade que nous nous rendons, accompagnés de Jessica, Eric et Franck. Nous commençons par aller chercher quelques outils dans le camion : des arrosoirs ; cisailles et quelques mini pelles que nous installons dans la brouette. On va ensuite à la petite parcelle située à la Villa st Martin que nous désherbons avant d’y planter de la « menthe bergamote » puis du « basilic ».

A ce moment il pleut à flots et Jessica nous propose de nous abriter un petit moment dans son hall qui se trouve en face de la « petite parcelle ». Enfin nous rejoignons l’autre groupe de Robinsons à la rocade et y semons des graines de fleurs sauvages à la « volée » aidés de quelques enfants. Pour finir, nous prenons notre traditionnel goûter !

A la Rocade :

L’installation des tentes se fait sous la pluie et le vent. Mais cette fois, aucune tente ne s’envole.

 

 

Dans l’une d’elle, on fait des pliages d’origami et s’essaye au nouveau jeu, le « double » que Pierre a apporté. Il faut reconnaître un des objets sur  sa carte en commun avec la carte du milieu. C’est un jeu d’observation et de rapidité qui permet au plus petits de jouer avec les plus grands. Il faut dire l’objet qu’on voit en commun à haute voix pour pouvoir ramasser la carte du milieu. C’est celui qui a récolté le plus de cartes qui a gagné !

Dehors, on sème des graines de fleurs à la volée dans l’idée d’avoir des belles pelouses de fleurs autour de l’atelier. Des mamans sont motivées mais, trop tard… Tout est déjà semés…

Le sol étant dur et non préparé, on sème au petit bonheur la chance mais on avait envie d’essayer ! On verra bien !

Les petits jouent dans leur tente. On essaye de faire la plus grande tour possible avec les « Kaplas ». Les tous petits, petits imitent les plus grands en jouant avec les « Tubulos ». Les puzzles et la dinette ne sont pas en reste.

Enfin, on discute avec les mamans de la préparation de la prochaine soirée conviviale. Zaïneb et Mona vont cuisiner avec nous pour la première fois. Un couscous et un tajin sont au menu ! Youpi !!

JEUDI

Wissous :

Ce matin,  Joëlle une ancienne institutrice, nous accompagne sur Wissous pour nous aider sur les ateliers. Le matériel du DAEV s’est très rapidement installé et les tables ont été vite investies. Les enfants sont contents de retrouver leurs cahiers et se lancent sur de nouveaux exercices adaptés à leurs âges, il y a de l’apprentissage aux lettres et aux numéros, les plus petits s’entrainent dans la manipulation du crayon sur des tableaux Velléda, les plus grand apprennent les pays de l’Union Européenne, et il y a également du coloriage.

Côté petit enfance, nous avons toujours le petit Sammy  qui rentre dans la caisse, Samuel qui mort la dinette et  promène la brouette. Florine nous rejoindra un peu après accompagné de sa maman et sa tante. Les petits se feront ensuite des passes de ballon.

Les adultes et ados jouent ensemble en se faisant des échanges de balle et terminent sur des simulations de combat.

Nous terminons sur un jeu collectif « Tintita », un jeu d’adresse où les enfants doivent esquiver la balle. Le temps est passé très vite, les enfants se sont bien amusés et sont content de prendre un bon goûter dans le calme.

 

Jardin de Saulx :

Aujourd’hui, c’est accompagnés de Jessica, Franck et Eric (tomy et Sarah les chiens de Jess’ étaient aussi de la partie), que nous nous rendons au jardin. Souad et Eric commencent par arroser les godets et plantations de la serre tandis que Jessica aidé de Garance creuse des sillons  destiné aux semis de haricots. Pendant ce temps Franck  tire un maximum d’eau du puits et la place dans le bac prévu à cet effet. Ensuite, c’est tous ensemble que nous plaçons le terreau à l’intérieur des sillons, et que nous semons avec soin les haricots. Enfin Nous décidons d’arroser l’ensemble des plantations. Arrive le moment du gouter ; nous nous installons dans un petit coin d’herbe au soleil pour siroter un thé à la menthe et déguster quelques biscuits.

Skatepark :

Un grand soleil mais beaucoup de vent cette après midi au Skate-park, les enfants sont venus nombreux et ils en arrivaient de plus en plus au fur et à mesure, avec beaucoup de maman aussi,  tous les jeux on été investis, dessin avec crayons de couleur, crayons feutre, pastelles, les livres ont été feuilletés, tous les jeux de sociétés ont été utilisés, les poupées et la dinette également pour les plus petits, la corde à sauté a été bien pris aussi.

De nombreux garçons ont joués au foot et au basket également. Le temps du goûté est arrivé très rapidement, nous nous somme retrouvé avec plus de 50 personnes sur les tapis.

La Croix Breton :

Aujourd’hui à la croix breton, nous avons joué au football, au triomino (détourné en jeu de la marchande), fait des bracelets en scoubidous, et joué aux mikados… Géant ! On coloris des batmen, on apprend à utiliser les marqueurs, et malgré le vent qui tiens absolument à faire s’envoler les nattes, on parviens à prendre un goûter bien mérité !

MERCREDI

Ludothèque/Nativelle

Un soleil de plomb s’écrase sur le bitume fumant, l’air saturé de pollens et d’hydrocarbure est aussi épais qu’une soupe de pois… Nous sommes à Longjumeau, au parc Nativelle. Le printemps est de retour, et il compte bien nous le faire savoir! Aujourd’hui nous avons fait venir un groupe d’enfants de Moulin Galant à Longjumeau pour participer à l’atelier ludothèque.

Tandis que certains se mettent à l’abri du soleil à l’intérieur de la ludothèque, pour partager un moment de jeux calmes, un petit groupe décide d’affronter la météo en allant faire un jeu dans le parc. Après une vaine tentative de lancer un match de foot, nous nous rendons à l’évidence, la seul réellement efficace contre ces affronts pré-estivale c’est :

LA BATAILLE D’EAU !

C’est avec ferveur et soulagement que commencent les affrontements !

Mains, bouteilles ou verres , part devant ou part derrière,

Tout est bons pour faire vivre l’enfer,

 à nos adversaires,

Comme aux températures caniculaires.

Nous partîmes de 6 mais par un prompt renfort,

Nous nous vîmes une vingtaine en arrivant au port.

Petits et grands s’arrosent gaiment, pendant un temps c’est amusant.

Puis essouffler et tremper, on s’installe pour le gouter

Et éprouver l’axiome ci-énoncé : « Je pense donc je sèche ! »

   

Verger de Chilly :

Aujourd’hui nous partons pour le jardin de Chilly avec un groupe de 4 enfants. Le temps est magnifique. Au programme, jardinage avec les enfants des centres de loisirs de Chilly Mazarin. Nous avons fait des groupes car il y avait beaucoup de travail. Les jeunes d’Intermèdes n’étaient plus de simples enfants à jardiner mais ils étaient dans une posture d’encadrants. En effet nous avions convenu que les jeunes d’Intermèdes prendraient en charge un petit groupe d’enfants pour leur transmettre ce qu’ils avaient appris tout au long des ateliers. Nous avons arrosés, semés différentes fleurs « à la volée », semés des graines dans des barquettes, nous avons fait le paillage des arbres, des dessins d’arbres, arrosés les différents arbres fruitiers et nous avons remplis les mangeoires pour oiseaux. Nous avons ensuite conclu ces différents ateliers par un goûter très attendu par les enfants d’Intermèdes. Comme nous étions en permanence jusqu’à 17h, un jeu de volleyball s’est improvisé très naturellement.

Nous sommes tous partis avec de grands sourires !

 

Epilogue: Et pourtant, elle tourne…

Tout est contraire, tout nous indique que rien ne va plus. Les subventions? Elles semblent s’évaporer. Aucune annonce , aucune réponse, sauf les plus petites.

Les meilleures intentions, les meilleures promesses tardent à devenir réalité. Et tandis que l’année avance, nous ne voyons rien venir: ni subventions, ni les soutiens promis ou sous entendus par les déclarations d’estime ou honorifiques.

Ceux là même qui voudraient nous aider ou nous soutenir semblent butter soudainement sur les limites de leurs propres interventions.  Quelqu’un peut il encore quelque chose à ce qui se passe aujourd’hui en France? Quand on voit la difficulté de ceux qui sont encore censés avoir un peu de pouvoir de réaliser la moindre chose… on peut être inquiets.

Décidément on semble être allés trop loin aujourd’hui dans le pouvoir de dire non; d’empêcher, d’émettre des objections, de dicter des condition à toute innovation, à toute initiative sociale.  N’a t on pas rendu impossible ici et maintenant dans l’espace public l’initiative des  gens?

Et pourtant elle tourne notre association et innove encore. Jusqu’à quand?

En direct d’un adhérent:

Mixités

 » (…) Ton regard étonné d’un qui ne savait pas,

D’une qui ignorait ce reflet merveilleux tout au bord de leur manque,

Il suffit d’aller vers ceux…sur qui on parle, mais avec qui on ne parle plus.

Faudra pas s’étonner si ce n’est pas facile 

Et toutes ces choses qu’on ne partage plus avec son voisin devenu un étranger

Raconter les mémoires et dire l’aujourd’hui

En ces temps de vent contraire, progresser en sens inverse

 

Tout simplement dire non,

Contredire ce qui ne se dit pas à force de se répéter


Comme l’idée d’être fait pour ça !

Autre il faut s’inventer, pour s’y retrouver,

S’inventer, s’inventer « autre »…

(Mixités, texte de Gilles Duhaut, avril 2013)

  KRONIKS des Robinsons de GRENOBLE: Matame Rutabaga

Il fait très chaud, nous nous installons sous quelques arbustes. Je dispose les valises de rue regorgeant de jeux, de déguisements.
Il est nécessaire d’arroser nos plantations. Alpha vient se joindre à nous et des mamans se posent sur les nattes.  Eridje prend dans ses bras un bébé de quelques mois et s’en occupe comme une vrai grande sœur. Ce sont de vrais échanges intergénérationnel.