Nous avons été habitués à réfléchir, à partir des institutions qui aujourd’hui, sont en crise.
Aussi, avons nous du mal à comprendre les difficultés sociales de notre temps.
Ainsi, l’Ecole en France a longtemps tenu lieu a la fois de projet et de réponse unique aux problèmes de l’enfance. Ses difficultés s’exprimaient en son sein, dans ses pratiques, ses péripéties et ses évolutions. Puis un jour, plus rien, l’Ecole a cessé de vivre : l’enfance et ses problèmes s’écoulaient, dès lors, à côté.
Mais, pour autant, nous sommes déboussolés : nous ne comprenons plus rien quand l’Ecole cesse d être une solution sociale pour devenir elle-même le problème.
Qu’est ce que l’Ecole en effet pour les nombreux enfants avec lesquels nous travaillons qui ont été ballottés d’établissement en établissement, envoyés dans des classes spéciales et qui ont subi tant de ruptures? Chassés d’un lieu a un autre, ils ont été scolarisés 2 mois ici et 3 mois là. Parfois ils ont été absents des mois entiers durant la même année scolaire. C’est dire l’impact sur leur vie du projet éducatif censé être porté sur eux. Anticipant ce vide , ils s’accrochent de moins en moins à une institution qui ne peut rien instituer dans leur vie…
Et pourtant , l’ensemble des acteurs sociaux et éducatifs ne se croient-ils pas toujours et encore contraints de prendre l’école comme unique objectif et modèle? Quoi d’autre, sinon? toute la question est là : il va nous falloir de l’imagination
Bien entendu on peut vouloir limiter ces propos aux caractéristiques extrêmes des situations que nous décrivons.
En est on sûr? Nous constatons pour notre part en quoi ce que nous décrivons en extrême pour certaines situations, est bel et bien vrai en petit pour de nombreuses autres.
Ce n’est pas que pour les Rroms que l’Ecole ne fait plus institution, mais pour de plus en plus d’enfants qui vivent ce qui s’y passe comme sans grand rapport avec leur réalité, leur identité, leur culture, leur famille, leur condition et leur avenir. Ce ne sont pas que les enfants Rroms qui ne vivent à l’école, sous couvert d’individualisation, que projets hachés, accueils conditionnels et provisoires. Toujours, le traitement de la marge tend à devenir le régime général.
l’Ecole n’est bien sûr pas seule en cause. Il en va tout autant pour les pratiques classiques liées à la Protection de l’enfance, oscillant entre des outils inadaptés ( placement et assistance éducative) et pendant ce temps renvoi caricatural et systématique de la grande masse des situations, vers les associations humanitaires ou d’accès aux droits.
Ce que ne fait plus l’école, ce que ne fait plus le secteur spécialisé, l’Education populaire le fait elle davantage? inutile de préciser combien dans ce secteur aussi, le concept de durée a fait “long feu”.
Nous en sommes donc là: si les institutions ne font plus institution, alors plus rien ne dure et nous voilà livrés à la précarité que nous subissons doublement, à la fois en tant que personnes et en tant qu’acteurs sociaux.
Durer quand tout vacille devient le sentiment que nous partageons quand le simple fait de poursuivre ce que nous avons engagé, devient en soi, une performance.
Et pour cela nous devons commencer par faire face à tout ce qui nous est dit sur l’inutilité ce que nous faisons, du fait même de cette précarité que pourtant nous combattons.
A quoi bon s’acharner en effet si, demain, ces familles avec lesquelles nous travaillons sont encore plus éparpillées, chassées et dégradées? A quoi bon s’acharner si nous pouvons être sûrs que nos moyens d’action, demain, seront certainement encore plus insuffisants que ceux que nous avons aujourd’hui ? Comment continuer si aucun relais n’apparaît ou ne semble se dessiner?
Et nous voyons alors que cette difficulté ressentie et éprouvée d’agir n’est pas seulement sans lien avec les nouveaux problèmes sociaux , mais QU’ELLE EST le problème principal. S’y confronter, c’est l’affronter, la vivre c’est se donner une chance de la connaître
Durer quand tout vacille n’est pas seulement une source de difficultés, un problème ou une contradiction. C’est juste une solution.
Car ce qui vacille quand rien ne dure, c.est d’abord l’idée même de durer.
Qui aujourd’hui a encore cette idée alors que la culture éducative et sociale imposée nous porte au contraire à fragmenter le temps et à considérer comme un scandale tout ce qui dure un peu?
Changer de point de vue sur la durée, c’est alors changer de culture et ouvrir le social vers d’autres paradigmes : travail communautaire, développement social et économie alternative.
SAMEDI :
A la Villa Saint Martin :
Nous nous retrouvons à la VSM pour notre atelier du samedi après-midi. Le DAEV est déployé sur le terrain.
Plusieurs activités sont programmées. Nous commençons la mission « renouvellement » du conseil de quartier avec la confection de notre nouveau bâton de paroles. Nous nous servons d’une tige en bois que nous décorons à l’aide des perles, du fil de couleur, du fil de laiton, des plumes…
Divers jeux de société tels que le Mémory et le Dobble sont proposés.
La tente petite enfance est bien investie, les mamans et les grands frères et grandes sœurs amenant les petits à s’y installer.
Les bacs de plantes aromatiques sont également de la partie. Nous mettons quelques coups de sécateurs sur l’estragon qui s’est très bien développé, les enfants ont hâte que les nombreuses tomates « VSM » mûrissent.
On arrose aussi les fraisiers, basilic, la menthe. Nous rajoutons d’ailleurs quelques plants de menthe sur nos bacs.
Enfin le Scorpion Red Crew est présent. Les jeunes répètent leurs gammes pour leurs prochains spectacles…
Une belle après-midi passée sous le soleil, et un sympathique conseil de quartier où le fait d’aimer l’école ou pas, fait débat.
VENDREDI :
La Rocade :
La terre est encore trop dure pour planter les tentes et puis il ferait trop chaud dedans car il n’y a pas de coin d’ombre où les installer. Seuls un tapis et nos petites tables peuvent prendre place sous les arbres. Nous aménageons 3 espaces : le tapis pour la dînette et les jeux de construction et sur les tables de jeux de société.
Nous enchaînons 3 parties de domino avec des pommes, des nounours ou des locomotives a la place des points noirs ! La petite Awa, ses frères et sœurs et son cousin, rencontrés hier, sont revenus ! Après les dominos, on décide de se refaire des bagues en feutrine, à la place des mamans qui ne sont pas là.
Nawel, tout juste rentrée de Tunisie en fait une belle pour elle et sa soeur : un carré de feutrine bleu, superposé d’un carré rose, puis une perle argentée, surmontée d’une petite dernière rose ! Celle de Khadi est jaune, en forme de cœur. Sur les tapis des petits, les cubes et joujoux passent de mains en mains et on s’amuse bien !
Au jardin :
Nous retournons au terrain de l’équerre cet après-midi. Nous avons le droit à un super temps.
Les participants sont motivés pour jardiner cet après-midi. Nous allons nous séparer pour commencer. Certains récoltent des courgettes, tomates, haricots, framboises et de la menthe, d’autres arrosent.
On passe la débroussailleuse puis l’on rassemble l’herbe en grand tas à l’aide de râteaux.
Un enfant s’occupe de désherber entre les jeunes poireaux. Puis nous allons planter deux nouveaux rangs de poireaux que l’on avait fait pousser sous la serre. On termine par un bon arrosage de ces nouvelles plantations.
Nous terminons l’après-midi par un partage des récoltes, le restant sera distribué sur l’atelier de rue de la Villa St Martin le lendemain.
JEUDI :
A Wissous :
Salut, les petits loulous ! Ce faci ?! Bine ?!!
Aujourd’hui, on va apprendre à dessiner un dragon et un éléphant. J’ai retrouvé un cahier pour apprendre à dessiner et je l’ai emmené sur le camp pour le proposer aux enfants. Je pensais ça pour les grands, mais Ionut, 7 ans s’y essaye. Il fait un petit éléphant et un petit dragon à sa manière et ils sont tout mignons. A côté, on fait de petit exercice avec des moutons et de vaches pour apprendre à compter.
Edera s’applique ; Andréa relie les mots qui sont identiques mais écrits en « attaché » ou en « imprimerie ». Iasmina, quant à elle, fait des lignes d’écriture et écrit parfaitement le mot « ami ».
Autour du camion, plusieurs garçons s’agitent et n’arrivent pas à se poser.
Ils jouent un peu au ballon mais chahutent beaucoup et embête les plus calmes. Abdel abandonne alors son coin dessin déserté et se joint à Madalin sur le tapis « petite enfance ». Laura est venue avec son petit Florin.
Ramona, une autre jeune maman, est aussi passée avec son petit Youcif ainsi que Bianca et Luis.
Ramona, notre collègue s’occupe de parler avec les mamans et les jeunes filles qui doivent partir au camp ados dans le village de jeunes de Vaunières, dans les Hautes Alpes, avec Mélo et Robin.
Du coup s’est un peu difficile de contenir tout ce petit monde à 3 !
Au jardin de Saulx :
Nous sommes peu nombreux au départ de la villa saint martin pour se rendre au terrain de l’équerre. Le quartier est désert…Qu’importe nous y allons quand même car nous avons du pain sur la planche au terrain.
Nous continuons ce qui à été entrepris hier. La parcelle ayant été désherbée nous allons alors y planter quelques salades et poireaux. On appelle ça le repiquage. Quelques rangs sont ajoutés à ceux déjà plantés. Nous les arrosons ensuite copieusement.
Nous prenons le temps d’observer le terrain et pas mal de désherbage nous attends ! Les fleurs de Zorah ont fleuri et le résultat est superbe !
La Croix Breton :
Aujourd’hui, malgré l’installation des « quartier d’été » à la Croix Breton, nous avons tout de même maintenu l’atelier. C’est l’Aïd, aussi beaucoup d’enfants sont venus avec de beaux habits. On discute des festivités, des cadeaux de chacun, on fait des bracelets, on dessine, et on joue au freesbee. Le goûter arrive bientôt, et avec lui l’heure de rentrer.
Au Skate Park :
Nous nous installons mais personne n’est là. La rue est déserte. Alors je vais chercher les enfants. J’en trouve, juste en face à Bel Air 2, ils sont vêtus de leur beaux vêtements d’Afrique car aujourd’hui, c’est l’Aïd et ça se fête !!
Ce ne sont que des nouvelles têtes ou presque, c’est une bonne pêche.
Le monde attire le monde et finalement 13 enfants nous rejoindrons.
Et des mamans et mamies aussi ! Je joue à la dînette avec la petite Awa. Suleman joue aux voitures et bientôt nous inventons un circuit parmi le jouet et Lucas et Ethan, nous rejoignent.
On fait aussi des coloriages en papotant. Plusieurs des enfants présents sont en vacances chez Mamie. Il y en a qui sont même en vacances chez la même mamie : Irène ! Et oui, ils sont cousins.
On se donne rendez-vous demain à la Rocade.
MERCREDI :
Usine Galland :
Le ciel est bas, il a plu toute la matinée et nous craignons qu’il pleuve durant l’atelier. Mais non !!
Nous pouvons tranquillement jouer au chef d’orchestre, jeu découvert la semaine passée et qui avait beaucoup plu. Tour à tour, le chef d’orchestre tape des mains, claque des doigts, danse, fait des gestes bizarres inventés sur le moment et tout le monde suit et l’imite.
Après quoi, c’est au tour des enfants de nous proposer leurs jeux. On refait le jeu de l’ours de la semaine dernière mais cette fois en essayant d’appliquer les règles !
Après c’est le jeu de l’éléphant. Au fur et à mesure qu’il chante, il choisit un autre éléphant et le prend par la main et ainsi de suite, jusqu’à ce que la chaine d’éléphants se brise sous son propre poids. Tout le monde tombe alors par terre et rigole. Et oui, ce sont des jeux très simples mais qui viennent d’eux et qui les éclatent.
Du coup, avec toutes ces idées, les jeux ont pris beaucoup de place sur l’atelier et c’est tant mieux !
Nous finissons par faire un peu de découpage et collage ; les petits décorent des pommes avant de les coller sur un arbre, les grands confectionnent des cartes à offrir. La plupart seront pour leur maman.
Ils découpent des cœurs et des étoiles qu’ils habillent de couleur et colle sur une feuille. Certains écrivent quelques mots en roumain et d’autres apprennent à écrire «Maman ».
Ce fut encore un bel atelier. Nous avons fait la connaissance de Claire qui fait partie d’un Collectif à Palaiseau et qui viendra nous apporter son aide régulièrement sur le squat. Elle revient dans 3 semaines après ses vacances.
Au jardin de Saulx :
Le mauvais temps est de retour dans le 91. Mais nous allons bénéficier du micro-climat de notre terrain de l’équerre. Pas une goutte de pluie ne viendra entacher notre atelier cet après-midi.
On débute par planter de nouveau des poireaux sur la parcelle ou se trouvaient les salades. Certains vont les cueillir dans la serre, d’autres les repique, enfin un enfant coupe le sommet des feuilles avec un sécateur. Une vraie équipe de jardiniers s’est formée.
On arrose nos plantations puis la serre.
Un grand désherbage est effectué et nous retournons du même coup la parcelle. Nous pourrons y replanter salades et poireaux en alternance. Nous nous aidons de grelinettes, bêches et râteaux. C’est un travail très physique.
Certains enfants ont une super idée, la confection de salades de fruits composée de framboises, fraises et poires fraîchement cueillies au jardin.
On y ajoute un peu de jus de pomme pour sucré le tout, le résultat est délicieux même si les poires sont à peine mûres. Cela complète donc très bien notre goûter.