Distanciation et violence (anti) sociales
Nous le savons bien: la violence peut être constructive et nécessaire, quand elle procède et amène le changement; quand elle met fin à ce qui n’est plus possible; ce qui est intolérable; ce qui ne peut plus continuer.
En Pédagogie sociale nous avons fait nôtre, l’adage de la fondatrice de cette école de pensée ( Helena Radlinska) : « Détruire en construisant- Construire en détruisant ».
Mais il est une toute autre violence, bien plus destructrice, ou (pour le dire autrement) AUTO-DESTRUCTRICE (au sens quasi freudien du terme) : Celle ci pousse à l’isolement, à des attitudes « d’assiégés », au sentiment de persécution, à la théorie des complots, à la rancœur, au cynisme et à la perte de toute capacité d’empathie, de compassion ou même d’émotion pour autrui.
En Pédagogie sociale, nous savons comment ne pas faire de l’autre un problème: en vivant avec lui, en s’expliquant avec lui; en s’exprimant devant lui. En faisant groupe, collectivité…
Et la double clef et condition pour tout cela, ce sont deux conquêtes sociales fondamentales , qui n’ont rien de naturelles: la Proximité sociale et la Communauté.
Après les nombreuses crises sociales que nous venons de traverser ou qui sont en cours, on aurait pu s’attendre, on devrait s’attendre à l’apparition de révoltes, de contestations, de mouvements, de nouvelles formes d’organisation.
Mais c’est ici qu’intervient une nouvelle violence (anti) sociale , qui enjoint à la séparation et à la peur des autres.
Le masque obligatoire et la distanciation sociales sont en passe de devenir les marqueurs d’un nouveau dogme, d’un nouvel ordre (anti) social.
En dehors de ces raisons matérielles, et de ses justifications, il semble bien qu’on nous promette que c’est pour longtemps que les relations sociales les plus ordinaires, dans la Cité , vont être durablement et profondément modifiées.
Des lois , des règlements fleurissent, pleuvent ou sont en préparation. Il semble aujourd’hui plus que probable qu’au delà de la réalité des dangers sanitaires que nous connaissons, ce soit bel et bien un nouveau dogme des relations sociales qui sont en préparation, là , devant nous.
Que pouvons nous en dire; que devons nous en dire du point de vue de la Pédagogie?
Nous savons, à force de travailler avec des groupes, des collectifs , de personnes, dans des situations les plus difficiles, ce que fabrique, l’écran, le masque, la distance et la peur quotidienne.
Nous savons que ceux qui ne sont plus ensemble, ne tardent pas à être en guerre les uns contre les autres.
Nous savons que ceux qui ne se parlent plus, se disputent.
Nous savons que ceux qui ne se voient plus, se fantasment et se diabolisent les uns , les autres.
Nous savons que ceux qui ne se touchent plus, ne seront pas longs avant de sa frapper.
Nous savons que l’intégration forcée, par les individus, de plus en plus de limitations de libertés, de règles et de contraintes nouvelles, menace les sujets dans leurs compétences émotionnelles et sociales et multiplie les risques de débordement et d’agressivité.
La réponse à un excès de contraintes sociales , de pressions et de répressions (policière, administrative, médiatique) , sera toujours de provoquer en retour de la « violence pulsionnelle ».
La moindre contrainte de trop, la moindre frustration supplémentaire, surtout si elles sont vécues en lien avec un sentiment de discrimination, entraînent une rage et une violence immédiate dont on aura beau jeu de fustiger « l’irrationalité ».
En réalité, ces violences , tous azimuts, épidermiques, ne viennent pas de nulle part; ni par choix conscient; ni dans le cadre d’un complot.
Elles sont la réponse immédiate et nécessaire, à un trop plein de contention, d’enfermement et de relégation.
Depuis et avec Kant , nous le savons; la socialité pour les êtres humains est aussi indispensable qu’elle n’est pas naturelle; autant nécessaire qu’elle n’est pas assurée; tellement vitale et pourtant elle doit être produite.
Nous ne nous étonnons donc pas de la violence qui éclate partout, de tous les côtés et à tout propos!
Violences intra-personnelles (maladies, dépression); violences conjugales, intra-familiales, de voisinage; violences avec et contre les institutions; violences de défoulement, de débordement. Violences pulsionnelles, subites, à la moindre opportunité.
C’est la vie sociale elle même qui devient violente, dès lors que la lutte sociale devient hors de portée.
On ne peut malheureusement que redouter que la rentrée, l’année scolaire qui approchent, ne voient se multiplier les violences intra et inter-personnelles, institutionnelles et contre- institutionnelles .
Il y a tant de ressentiments, dès lors que les sentiments ne trouvent plus à se vivre ou à s’énoncer.
La Pédagogie sociale apporte dans ce contexte un message aussi urgent que contrasté.
C’est de la Proximité, qu’il nous faut! et avant tout apprendre à sortir de la peur.
« Na dara », comme chacun sait, est un titre phare repris par les « Aven savore! »; c’est aussi un message clair, que nous avions appris de nos amis, les Kesaj-Tchave, de Slovaquie.
« N’aie pas peur ».
Reprends pied; ose; avance toi; construis ici et maintenant et occupe, tout ce que l’on a voulu désert.
Fais vivre tout ce qu’on a voulu, mort.
Séjour à CHAILLES, avec les PEP 91
On sait que cet été a vu l’annulation de la plupart des séjours et colonies d’été ; nous savons que ce sont les enfants les plus pauvres et les plus précaires qui en ont fait les frais.
Certes des séjouyrs et sorties ont été ici ou là organisées à l’initiative des municipalités. Mais pour le public qu’on connaît, c’ets la consternation.
Entre les séjours « au pays » qui n’ont pas eu lieu; ceux en famille qui ont été annulés, de très nombreux enfants des quartiers et des hôtels…n’ont pas bougé.
C’est dans ce contexte que nous avons mis en oeuvre « VACA?CES FAMILLES MAINTENUES » , grâce à l’implication de notre équipe et surtout de Isabelle.
C’est le dernier volet de cette opération qui vient de se terminer , ce vendredi 28, avec le retour « de séjour » de 10 enfants qu quartier sud, envoyés dans un Centre de vacances à Chailles, grâce à notre partenaire, les PEP 91.
Des enfants détendus et heureux sont ainsi revenus por une rentrée qui ne s’annonce pas simple.
Matériel scolaire
Nous avons bénéficié par la Voix de l’Enfant la possibilité de préparer au mieux la rentrée matérielle des enfants des squats, bidonvilles, quartiers et hôtels sociaux…
En bonne coordination avec la VDE , c’est dès début Juillet que nous avons établi la liste des 60 enfants pour qui nous avons constitué un matériel de base. Nous ne voulions pas en effet que ce enfants se retrouvent à quelques jours de la rentrée dans le doute de leur possibilité d’être « dotés » et « en règles ».
Cette première opération de dotation s’achève, ce vendredi , avec l’arrivée des magnifiques sacs , les trousses de toutes les couleurs (ainsi que l’arrivée des casques pour les cours de langues et les clefs USB)
Merci à Jean-Paul d’être allé collecter l’ensemble de ces caisses de matériels , avec un camion, au siège de la VDE à Pantin!
La distribution va pouvoir commencer…