Autopsie d’une illusion

l’Autopsie d’une illusion : Ecole à distance et continuité éducative

On se contente en général d’opinions assez générales sur la manière dont aura été vécue par les enfants, les parents, les enseignants cette période dite « d’enseignement à distance » qui a anticipé, coïncidé et excédé la période de « confinement », imposée à la population

Durant cette période on aura tout entendu sur la question; mais pour l’essentiel on se sera borné à quelques témoignages, des « ressentis » de profs qui s’interrogent, ou parfois de parents qui râlent. Bref , ce qui était attendu…

Certainement des études sociologiques plus poussées seraient nécessaires pour établir des faits et donner une idée réelle de ce qu’il en a été de l’accrochage et du décrochage scolaire des enfants précaires, comme de la continuité et de la discontinuité éducative qu’ils sont vécu, et dont on ignore encore les conséquences .

Il est trop facile de tout attendre ou de trop attendre d’études , en se dispensant nous mêmes des plus élémentaires des observations et des analyses.

Attendons nous d’études scientifiques la confirmation que les licornes bleues n’existent pas?

Et pourtant il semble qu’une fraction non négligeable de nos contemporains (et y compris parmi les enseignants) soit disposée à croire que « Bon an, mal an », les enfants et les familles se seraient plutôt bien débrouillées pour accéder aux contenus , devoirs et suivis en ligne ».

Prenons un temps de pause et analysons ce qu’il faut de croyance , de crédulité, ou peut être simplement d’ignorance totale des conditions dans lesquelles vivent les enfants de milieu populaire, pour accroire de tels fantasmes.

Il ne s’agit pas seulement de démontrer que la tâche n’a pas été réalisée et qu’elle était hors de portée des enfants et familles populaires et précaires.

Il convient aussi de comprendre les raisons profondes de cette impossibilité, par simple souci d’honnêteté, par simple exigence de connaître la réalité de vie de ces personnes et de ces groupes.

Car il n’y a rien de sympathique, quelle que soit la posture qu’on emprunte, à vouloir nier la réalité de l’exclusion sociale et scolaire , à prétendre une capacité a priori des familles (qui permettra par la suite de fustiger des défaillances).

C’est juste … du mépris de leur réalité quotidienne.

Avant de chiffrer , il faut nommer; il faut dire et exposer ce qui bloque, ce qui rendait d’emblée impossible le petit jeu auquel on a faussement invité ces familles et ces enfants au moment de la fermeture des établissements.

Listons ces réalités. Nous nous demanderons ensuite les chances qu’il y avait pour que de tels obstacles soient réellement levés. Nous aurons alors une idée un peu plus honnête de la situation.

1 – On a postulé que les enfants avaient des tablettes, téléphones, ordinateurs connectés.

Bien entendu, des équipements (des téléphones en général) existent et sont régulièrement aux mains de tous ces enfants. Mais ils sont irrégulièrement fonctionnels. Les crédits sont limités; la 4 G souvent inaccessible ou vite épuisée; la Wi-fi souvent absente dans la durée dans leur environnement réel; les écrans sont fendus, refendus; les téléphones laissés aux enfants ont souvent une mémoire saturée ou limitée…

Par ailleurs de nombreuses familles se sont vite retrouvées avec des crédits épuisés, et des dépassements trop chers à assumer du fait de la pratique du « partage de connexion » avec leur téléphone à carte ou à forfait.

Il est fantastique qu’une institution toute entière continue à ne voir aucune différence , et en tout cas à n’en faire aucune entre un enfant disposant, à son gré, d’un immense écran d’I-Mac dans sa chambre ou son salon et cet autre qui n’a que le téléphone à écran cassé sur Lyka, de sa mère, quand celle ci peut ou veut bien le lui prêter.

2 – On a postulé que l’équipement des enfants et des parents , c’est un peu la même chose.

Certes les parents prêtent volontiers ce qu’ils possèdent, surtout quand « c’est pour l’école »; mais tout de même, pas toute la journée ! pas pendant des heures ! Et en plus leur équipement est fréquemment aussi mauvais, aussi limité, aussi irrégulier que celui de leurs enfants (voire parfois plus).

3 -On s’est gorgés d’assurances que les établissements , les collèges, prêtaient du matériel « à ceux qui n’en avaient pas »…

Sauf que 9 fois sur 10 il a fallu attendre des semaines pour en obtenir.

Il a fallu que les parents, les enfants expriment, trouvent à faire entendre, soutiennent , renouvellent des demandes; souvent qu’ils se déplacent, qu’ils s’engagent . Tous les parents font ils cela? Tous les enfants obtiennent-ils de leurs parents ce genre d’acharnement? Bien sûr que non!

Et quand cette condition était, au final, réalisée (ou qu’un bénévole avait assuré ce parcours ) et bien, 9 fois sur 10, l’équipement prêté ne disposait pas de carte SIM, et encore moins de 4 G « embarquée » . Une tablette, sans cela, ne sert pas à grand chose, voire à rien au final… pour les enfants précaires!

(NB nous avons nous aussi entendu dire que quelques fois des tablettes avec 4 G ont été promises , voire que quelques unes auraient même été distribuées ici ou là… Pour notre part, nous n’en avons pas trouvé davantage dans les hôtels sociaux, les bidonvilles, les squats et les quartiers … que de licornes bleues!)

5- Aucune hiérarchisation n’est faite autour des tâches attendues, à réaliser par les enfants, à distance.

Et c’est ainsi que nous avons tout vu ; des devoirs envoyés sur des mails théoriques , dont les identifiants sont perdus depuis belle lurette par les parents.

Nous avons tenté d’accompagner tant de parents à la recherche vaine des identifiants pour les espaces numériques à distance, de leurs enfants …

Sans compter les divergences d’exigences entre enseignants, ou le fait que chacun était tenté d’inventer sa « propre classe à distance » .

Et là on a tout vu. Pour un collégien , les enseignants d’une même classe pouvaient soit envoyer irrégulièrement des devoirs un coup par mail, un coup sur Pronote, et enfin « un casier » virtuel…

D’autres se bornaient à renvoyer leurs élèves vers la consultation (sans consignes ni précisions) de ressources web externes généralistes en ligne , parfois avec des liens non fonctionnels , ou des codes d’accès défaillants…

6- Escalade des exigences

S’il est déjà peu probable pour des enfants et des familles précaires d’être réellement en mesure de suivre régulièrement le déroulé de tâches à distance sur des espaces virtuels , que penser des opérations supplémentaires qui sont exigées des enfants à l’occasion de leurs « devoirs »?

Ici, telle enseignante impose aux enfants d’imprimer des pages entières de cours et intime l’ordre à ceux qui n’ont pas d’imprimante « de les recopier »

Là un autre enseignant demande aux familles d’acheter sur Amazon Prime ou YouTube le visionnage payant de certains films ou œuvres

Un peu partout, des enseignants , pris d’un enthousiasme technologique frénétique, demandent aussi facilement à leurs élèves que s’ils leur commandaient simplement de mettre la table, d’effectuer les tâches comme: scanner / modifier des documents en PDF, les adresser sur des espaces numériques particuliers, de les changer de format, renommer, diffuser, etc.

D’autres encore demandent à leurs élèves de 13 ans, de se filmer en train de réciter quelque chose, ou de faire une expérience de physique chimie, dans leur cuisine et d’envoyer la vidéo compressée dans les mêmes conditions (ou par We-Transfer à une adresse créée pour l’occasion)

Certains mêmes n’hésitent pas à demander aux enfants de télécharger des petits logiciels de programmation et de travailler des programmes , en passant par le code; puis là encore… de filmer et renvoyer virtuellement leurs créations.

7- Les présences obligatoires en ligne

Il faut mentionner également ces classes « virtuelles », en « Visio » à distance , à des horaires ultra précis (du genre 10:57…) , durant lesquelles il faudra , où qu’on soit et avec n’importe quel matériel, quel que soit son état, d’être en mesure à la fois d’écouter « le cours en direct », mais aussi de lire en même temps sur le même téléphone, des « messages postés durant le cours », ou d’ouvrir certains documents PDF …

Le tout dans un environnement sonore qui devra évidemment être parfait et sûr … De qui se moque-t -on?

Que dire aussi des « devoirs à rendre », à des jours et des horaires précis? Des contrôles par QCM à temps déterminé, alors qu’on ne verra et entendra les questions qu’avec les moyens qu’on a , et dans l’environnement qu’on a … à ce moment donné.

8- Le temps des parents n’est pas celui des enseignants

Pour beaucoup de parents en situation de précarité, il n’est pas rare de reporter de plusieurs jours ou une semaine le souci de se demander où en sont les devoirs des enfants; et plus encore, pour ce qui est d’y répondre.

Beaucoup d’entre eux ont du mal à comprendre le retour ou la périodicité de ces mêmes tâches; ou bien qu’il y ait des dates ou des « Dead lines ». Pourquoi d’ailleurs, puisque les écoles sont fermées?

Ainsi à l’heure où j’écris ces lignes et alors que le confinement est terminé depuis des semaines, mais qu’il n’y a pas réellement eu de reprise scolaire de nombreux enfants s’évertuent encore… à récupérer des devoirs des semaines passées, tout en ignorant la classe du jour…

Et puis quand cette tâche aussi inutile que désespérante sera achevée, il faudra partir à la recherche… des corrigés.

9- On a confondu pouvoirs, compétences et les possibles

Comment a-t-on pu croire qu’une continuité pédagogique à distance avec des outils Internet était réellement possible pour les enfants et familles précaires?

On a voulu y croire car on s’est fondé sur l’observation de ce qui se passait avec les enfants des classes moyennes et supérieures, qui n’ont en effet ressenti aucun dommage scolaire , par rapport au confinement.

D’autre part, on s’est retranché derrière une attitude « politiquement correcte » de: « On va faire comme si tout le monde était compétent »;

Sous couvert de ne faire aucun « a-priori de classe » on a postulé que les classes sociales et les milieux sociaux n’existent pas ou plus.

Et puis on a voulu être optimistes; dans de nombreuses écoles, dans de nombreux collèges on s’est dit ou s’est laissé dire que « les difficultés d’accès » des élèves « défavorisés » seraient forcément résolues au cas par cas, puisqu’on avait déclaré qu’on allait s’y employer !

En matière de précarité , on commet souvent cette erreur de penser que tout obstacle, ou difficulté d’accès serait anecdotique, factuel et conjoncturel ; et qu’on pourrait lever ces problèmes par un apport de matériel, ou des mesure simples.

Cette manière de voir est catastrophique, car la précarité n’est pas un manque, mais un fonctionnement, une dynamique; on n’en vient évidemment pas à bout sur commande.

Une telle crédulité « officielle » des établissements scolaires, dont on a du mal à mesurer si elle est vraiment partagée ou pas , par les enseignants eux mêmes , s’explique également par d’autres confusions :

On n’a fait qu’extrapoler .

On est partis sur le postulat que le matériel nécessaire existerait, pour conclure qu’il était disponible pour les enfants, utilisable, en état de marche, agréable, fonctionnel et performant…

On s’est ensuite appuyé sur cette première croyance pour penser que cette disponibilité pourrait se poursuivre dans la durée, sur plusieurs mois, sans interruption, sans accident, sans heurts…

Puis on a voulu croire que si ce matériel adapté et fonctionnel était assuré, cela suffirait pour que les enfants aient la possibilité et la motivation de comprendre ce qu’on attendait d’eux , de le rechercher en temps réel et sur tout support , … et de le comprendre.

On s’est aussi dit que les enfants ne seraient pas découragés de ne pas réussir, pas découragés de ne pas comprendre, pas découragés de ne pas y arriver, pas découragés d’avoir très peu de chances d’aller au bout de quelque chose…

Et pour finir, on s’est bien entendu imaginé aussi que tous ces enfants avaient auprès d’eux des « coachs parentaux » totalement disponibles, compétents, avisés, et efficaces, prêts à résoudre tous les problèmes scolaires, didactiques, techniques et à entretenir les relations et la motivation de leurs enfants. Cela leur serait facile puisqu’eux mêmes seraient capables de tout faire, de tout comprendre et ainsi d’expliquer à leurs enfants ce qui bloque, ou à lever certaines difficultés quand c’est nécessaire.

Effectuer la radioscopie de tout ce qui aurait été nécessaire pour permettre à des enfants ou adolescents précaires d’accéder à ce mode d’enseignement à distance , nous ramène finalement à nous poser des questions toutes simples et sur un tout autre registre.

Qui regarde ces enfants? Qui les connait?

Que sait on d’eux dans les écoles? Que savent les enseignants de leurs réalités de vie et d’existence? De leurs parcours et de leurs histoires?

La période que nous venons de vivre pourrait au moins avoir un mérite: nous aider à prendre la mesures du gouffre et de l’incompréhension qu’il y a entre ces enfants et les représentations scolaires et sociales ,… des enseignants.

MERCREDI

ATELIER AVEN SAVORE

Nous avons commencé la répétition avec une partie de la troupe. Nous avons retravaillé puis amélioré les pas de danse. Suite à ca nous avons amélioré la justesse des chants grâce au Maestro Antonio. Nous avons fini par un bon gouter et nous avons fêté l’anniversaire de Abdel.

3 photos

Atelier BEL AIR

Aujourd’hui nous avons passé une très belle après-midi au quartier de Bel Air. Nous avons fait du tir à l’arc, du dessin et même de la pétanque.

Les enfants se sont beaucoup amusés.

Mariama

Saint Eloi

Aujourd’hui, nous avons repris les ateliers à St Elois. Beaucoup d’enfants sont venus nous rejoindre.

Nous avons commencé par jouer à Lucky Luck pour se présenter et se rappeler nos prénoms.

Ensuite, les enfants ont pu choisir entre plusieurs ateliers : Quoi de neuf ?, atelier philo, du dessin, et des jeux un peu plus sportifs comme le béret.

Nous avons fini en prenant un gouter tous ensemble. Les enfants étaient très contents que les ateliers reprennent. 

Jeudi

Atelier Massy

Aujourd’hui, nous avons repris les ateliers à Massy.

Au départ il y avait seulement un enfant. On a commencé par faire un petit atelier chant avec elle. Elle a pu chanter une chanson roumaine en lisant les paroles que l’on avait imprimées.

Ensuite nous avons fait une partie de pétanque. Après ça, avec certains enfants, les plus jeunes, nous avons fait des dessins avec les craies pendant que les plus grands jouaient au ballon.

Nous avons fini en mangeant des supers cookies tous ensemble. Les enfants étaient contents.

Antony 2

Au bidonville d’Anthony 2, nous ressentons les effets du confinement : les enfants sont ravis de nous accueillir et attristés de nous voir partir.

Nous commençons par un atelier peinture sous un soleil de plomb, qui tourne au-dessus de nos têtes au fur et à mesure que le temps passe. Nous déplaçons l’atelier sous l’ombre de différentes cabanes afin de ne pas attraper une insolation en béton. Les enfants sont volontaires pour nous filer un coup de main. Bientôt, c’est Esmeralda qui met la peinture sur les palettes et qui accrochent au fil avec des pinces à linge les peintures des autres.

En milieu d’atelier les plus grands partent avec Abdel pour plusieurs matchs fort instructifs : ils apprennent différentes stratégies tout en adoptant les rôles d’attaquants, de goals ou encore se mettent à la défense pour parer les attaques des autres équipes.

Enfin, nous terminons sur les tapis, épuisés par le sport et la chaleur. Cookies, grenadine et madeleines chocolat blanc sont servis par les enfants sous les directives d’Abdel. Puis, Kati, notre service civique roumanophone et chanteuse d’exception, propose une chanson en roumain qui est bien vite reprise en chœur par tout ceux qui la connaisse bien.

On se dit au revoir, Julia et Esmeralda courent vers nous pour nous ramener pinces à linge et fil à étendre que nous avions oublié en chemin.

A très vite pour un prochain atelier à Anthony 2 sous le beau ciel de juin.

Balladins

Aujourd’hui grosse chaleur à Chilly Mazarin, alors nous avons décidé de ramener des piscines à l’hôtel pour que les plus petits puissent se baigner et se rafraichir. C’était super, ils ont passé toute la journée à jouer dans l’eau avec du matériel petite enfance que nous avions ramené.

Pour les plus grands, plusieurs ateliers étaient proposés : atelier dessin et coloriage. Sinon beaucoup de jeux sportifs : puissance 4 géant, badminton, tir à l’arc, foot, frisbee. Les plus grands étaient super contents, ils ont pu se défouler sur le terrain de badminton en finissant par du tir à l’arc à l’ombre.

Nous avons fini par prendre un gouter tous ensemble à l’ombre pour clôturer cette belle après- midi. 

Aven savore samedi

Lors de la répétition de ce jour, nous retrouvons Maïmouna, une de nos ancienne recrue, qui revient à Aven Savoré. Mais elle n’est pas seule, elle nous amène sa petite sœur Fatimata. Yaëlle et Simon nous ont également ramené Sarah, leur petite sœur. Beaucoup de nouvelles recrues, donc !

La répétition commence par un entraînement vocal encadré par Antonio, notre violoniste virtuose roumain à l’oreille absolu ! Aucune fausse note ne lui résiste, si bien que nous parvenons, après plusieurs séries d’arpèges et de gammes, à chanter en chœur et parfaitement juste, la chanson hongroise de notre répertoire « Zeuld as erdu » ! Sa technique de nous faire chanter les uns après les autres chaque morceau d’un couplet a beaucoup renforcé le niveau général de la troupe. Les enfants s’entendent mieux individuellement, et comprennent les différences entre chaque note. Fatimata, venue pour la première fois, nous révèle qu’elle a un potentiel énorme en chant.

Ensuite, Hafsatou prend le relais et nous fait travailler avec brio la chorégraphie « boum boum balalalayié ». Enfin, nous chantons « Ljuba » tous ensemble, et c’est un sans faute.

La journée se termine par l’anniversaire d’Eddy, on entonne un joyeux anniversaire énergique avec Dusko à la guitare, et on se régale de délicieux gâteaux et chouquettes d’anniversaire ramenée par Mame. Merci à tous pour cette magnifique journée !

Marie M.